Il y a moins d’un an, la perte de mon père a plongé ma vie dans l’obscurité. Depuis, je lutte pour retrouver un sens à mon quotidien, me laissant emprisonner dans une routine morne à laquelle je m’accroche désespérément. Mes journées se résument à la mécanique, alors que mon seul désir est de manier les casseroles et de composer des saveurs. Je suis désormais convaincu que les rêves ne sont que des illusions, destinés à rester inassouvis. Je me conforme à ce que l’on m’a enseigné : le travail, c’est le nerf de la guerre.
“ J’étais sur la terrasse de chez mon oncle, au moment de l’apéro. On discutait et l’idée m’est apparue comme ça. Je me suis écriée « vite, un stylo et une feuille s’il te plaît, tatie ! » et j’ai noté les grandes lignes.”
“ Parmi tous ceux que j’ai écrits, c’est celui qui tient la plus grande place. Il est un hommage à mon oncle, à ma famille, une façon de leur dire que je les aime et que je les admire. De plus, il se déroule dans la ville de Sète, un endroit que j’affectionne particulièrement. J’y ai passé toutes mes vacances enfant, toute ma famille se trouve là-bas et la ville est belle et agréable.”
“ J’ai pioché dans le passé et le présent des moments de vie de ma famille. J’ai changé les noms, modifié quelques détails et j’ai ajouté ma perception des choses pour faire de la réalité une fiction. Ainsi, ceux qui nous connaissent bien pourront nous reconnaître, éventuellement, tandis que nous resterons de parfaits personnages imaginaires pour ceux qui ne nous connaissent pas.”
“ J’ai mis mes tripes dedans, mon amour et mes peines. La Lily du bouquin me ressemble en tous points, et la (me ?) décrire depuis les yeux de Lanh, qui se rapproche le plus de mon oncle, fut un sacré exercice. “
“ Parfois, ce n’était pas évident. Durant l’écriture j’ai eu tendance à visualiser ma famille à la place de mes personnages, mais j’ai tout même réussi à m’écarter de la réalité en ajustant leurs réactions, ainsi que les miennes. En modifiant certains détails physiques et leur identité tout entière, je suis parvenue à me détacher. Bon, OK, lors des petites scènes spicy, j’ai cru que j’allais tourner de l’œil, c’est pour ça qu’il y en a très peu, d’ailleurs ! ”
“ Je veux qu’ils aient l’impression d’être avec nous, à table en famille. J’aimerais qu’ils voient la ville depuis mes yeux et que ça leur donne envie de la découvrir avec les leurs. J’adorerais leur donner envie de manger vietnamien, de découvrir la culture de mon grand-père et de ma famille. Je voudrais vraiment qu’ils prennent conscience que les rêves sont faits pour être réalisés, qu’il n’y a pas lieu de les ranger dans un tiroir et de les oublier. ”